mardi 11 mars 2014

Je bénis l’inventeur de la musique à fond dans les oreilles (dans la rue)




Le meilleur moyen pour se frayer un chemin, rue de Rivoli, un samedi après-midi ? 


Mettre ses écouteurs dans les oreilles, choisir un rythme bien bourrin, bien énervé, bien saccadé (chacun ses préférences et ses sensibilités pour le choix de la musique…c’est vous qui voyez, du moement que vous vous sentez surhumain pour 3 minutes), prendre une grande respiration et s’élancer. Là, c’est magique, les gens en face de vous s’écartent sur votre passage. Littéralement. Ils vous laissent passer. Il doit y avoir une aura particulière autour de vous, un panneau indicateur « I’m the King of the World, Beware ! », et vous avez le trottoir pour vous. Magique, je vous dis. 



Le meilleur moyen pour transformer un trajet boulot-maison sur la ligne 4 bondée, en voyage dans une autre dimension ? 


Brancher ses écouteurs et choisir un truc genre « les 10 meilleurs tubes du classique » (si si ça existe, et ça déchire). Regarder les gens autour de soi en écoutant le Canon de Pachelbel (à fond, de préférence), c’est une expérience extraordinaire. Vous oubliez les odeurs (c’est pratique, dans une rame bondée à 18.30). Vous oubliez l’aisselle de Monsieur au dessus-de votre crâne, le coude de Madame dans vos côtes, le sac de la jeune fille dans vos pieds. Vous ne pensez plus aux 10 stations qu’il vous reste à faire, debout, et comprimé. La tension diminue. Vous regardez les gens, leur air stressé, énervé,  fatigué, pressé, …et vous vous surprenez à sourire…Expérience délicieuse.

Ah, au fait, ça marche aussi avec l’Adagio ou vos classiques préférés, hein.



Le meilleur moyen de ne pas avoir l’air bête quand on attend dans la rue un pote qui vient de vous avertir qu’il a loupé son train ? 


Brancher son casque et rentrer à l’intérieur de sa tête. Vous n’êtes plus là, à patienter comme un ***, vous êtes au concert, au spectacle, aux premières loges, et vous priez pour que le pote en question loupe aussi la correspondance. 




Bien sûr, il y a des dommages collatéraux...


La rue, ce n’est pas une piste de danse.

Essayez d’empêcher votre pied de battre la mesure, votre hanche de se déhancher, justement, et votre cou d’effectuer ce ridicule mouvement de va-et-vient qu’une tortue centenaire a du vous enseigner dans une autre vie, quand vous écoutez votre tube préféré du moment…

Ben non, vous ne pouvez pas, c’est plus fort que vous…

Et vous avez beau tenter d’être discret, ça se voit…Forcément.


Sans oublier…

Tiens, pourquoi tout le monde me regarde ? En souriant, voire en rigolant ? Comment ça je chante tout haut ? Ah oui, c’est vrai…J’adore ce refrain, vous comprenez…Ah bon, c’est même pas les bonnes paroles ? Ah…


Non, la rue n’est pas une piste de danse. Et ce n’est pas chez vous non plus. 


Mais elle est à vous quand même, avec la musique dans les oreilles. 




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