C’est vrai, le
cinéma ne serait pas le cinéma sans son pop-corn. L’odeur du pop-corn chaud
près des caisses. L’ambiance chaude et sucrée qui se dégage. Les souvenirs de
soirées d’enfance qui remontent à la surface. Jusque là, tout va bien.
Là où ça se
corse, c’est quand il s’agit de manger ce pop-corn, dans la salle de cinéma. Le
problème n’est pas pour le mangeur, le problème est pour celui (ou celle, en
l’occurrence) qui est à côté du mangeur. C’est quoi ce bruit en
mono-stéréo dans mon oreille droite ?
Comprenez-moi
bien, je ne veux empêcher personne de manger au cinéma. Au contraire, cela fait
partie du « rituel » de la toile ; associer deux plaisirs, celui
des yeux et celui des papilles. Mais pourquoi ne pas avoir inventé le pop-corn
SANS effet sonore ? Un pop-corn muet quoi ! C’eut été trop difficile ?
Hein, pourquoi ?
Le pire, c’est
que, comme tous les plaisirs, on aime bien les faire durer, ces pop-corn.
On grignote, on savoure, on réserve pour plus tard. Ce qui fait que la séance
de torture auditive dure tout le long du film. Impossible de se concentrer sur
le pitch, les dialogues, la musique. Car notre oreille est parasitée de bruits
gutturaux plus ou moins discrets. Les plus discrets étant les plus embêtants
d’ailleurs, car en voulant éviter de faire trop de bruit ils font durer le
supplice encore plus longtemps. On a envie de leur dire, à ces mangeurs :
mais dépêchez-vous ! Profitez, dégustez, et on en finit !
J’ai essayé
plusieurs stratégies pour éviter ce fond sonore entêtant. Primo, me caler sur
des séances à priori hors des zones de repas. Le matin, vers 15h ou à la
dernière séance. Mais il ne semble pas y avoir d’heure pour le pop-corn. Même
la séance de 9h du matin, la séance réservée aux couchés-tôt-levés-tôt ou
aux insomniaques, et traditionnellement
désertée, trouve son lot de pop-corn addicts. Sérieux ? À 9h du
mat’ ?
Secundo,
préférer aux films grand-public les petits films d’auteur. Oui oui, ceux-là,
les films à petit budget, qui sortent dans deux salles en France, qui ont une
excellente critique dans Télérama et auxquels on ne comprend rien. Nan, pas un bon
plan. Non seulement on s’ennuie assez souvent, on en sort avec l’impression
d’être plus bête qu’on ne l’est, et de toutes façons il y a toujours un ou deux
affamés avec leur seau de pop-corn dans la salle. Soit ils se sont trompés de
film et ils n’osent pas sortir. Soit ils souhaitent coordonner l’activité
mentale intense dont ils doivent faire preuve avec une activité maxillaire d’une
égale intensité. Soit je suis maudite.
Parce que, ne me
méprenez pas, je ne suis pas totalement antisociale. Je suis pour l’égalité et
le respect de tous. Chacun ses goûts, chacun ses plaisirs. J’aime bien, moi, le
pop-corn. Les mangeurs de pop-corn ne me dérangent pas en soi. Mais, de grâce,
ne vous mettez pas assis à juste à côté de moi, s’il vous plaît !!!!
Alors, oui, maudite. Parce que chaque fois que je vais me faire une toile, vous
pouvez être sûr que je tombe invariablement à côté d’un mangeur de pop-corn,
voire du seul pop-corneur de la séance.
Rien n’y fait.
La salle est bondée ?...je suis encadrée de deux mangeurs. La salle est
clairsemée, presque vide ?...hop, on vient s’asseoir à côté de moi. La
séance a déjà commencé et je n’en reviens pas d’être tranquille ?...un
retardataire choisit le siège à mes côtés. Maudite, je vous dis…
Alors, oui, je
bénis l’inventeur du pop-corn. Et je bénis l’inventeur du cinéma. Mais de grâce,
pas ensemble ! Ou alors, los de votre prochaine toile, vérifiez à côté de
qui vous vous placez…
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